L’Anonymat: "T'es qui toi ?"
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Le dictionnaire nous dit à propos de l’anonymat que c’est un état de fait qui se rapporte à une personne dont on ne sait rien, dont on ne connaît pas l’identité, qui est inconnue.
Cette qualité était commune à toute l’humanité jusqu’au début des années 1990.
En effet, c’est à cette période-là que cette capacité à rester inconnus, anonymes allait changer.
Avant les années 1990, nous pouvions comparer les relations que nous avions avec les gens à des ronds dans l’eau : au centre il y avait notre famille, dans le deuxième cercle nos amis, dans le troisième cercle nos connaissances comme nos voisins, nos collègues de travail, puis les cercles s’élargissaient un peu à ceux que nous croisions dans notre quartier, notre village .... Mais c’était tout.
Nous pouvions communiquer par téléphone (fixe) et par courrier avec ceux qui étaient loin de nous, pouvions nous distraire en jouant sur des consoles de jeux, seuls, dans notre salon et savourer, seuls, nos victoires de jeux.
La démocratisation des téléphones portables a rendu plus faciles les échanges mais sans toutefois supprimer notre anonymat. Mais les années 1990 allaient bouleverser tout ça en ouvrant une porte qui allait nous permettre d’accéder à un univers illimité de connaissances, d’échanges et de socialisation à outrance, un univers appelé le WEB (terme anglais signifiant toile d’araignée).
Et c’est bien une toile d’araignée qui allait recouvrir le monde, reliant les pays, les continents, supprimant les frontières et rapprochant des gens qui ne se seraient jamais rencontrés de leur vie.
Aujourd’hui, 26 ans après sa démocratisation, le WEB est devenu indispensable à notre quotidien, nous donnant la possibilité de presque tout gérer depuis notre ordinateur : nos comptes en banque, nos impôts, la scolarité, le travail, l’accès à la connaissance via des banques de données, les échanges avec les amis ou la famille qui vient à l’autre bout du monde, rencontrer notre futur mari ou femme, etc. etc.
Tout cela est merveilleux, magique dirait-on, mais la médaille a son revers : la perte de notre anonymat et la mise en ligne de notre identité, de notre vie, les rendant accessibles à tous.
Les réseaux sociaux ont pris une place énorme dans notre quotidien au point que certains y racontent leur vie, ouvrant la porte de leur vie privée au plus grand nombre. Tout le monde peut savoir que Mme Untel vivant en Australie travaille chez Xyz, a un chihuahua et un land-cruiser rouge ou que Mr Dupond agriculteur dans les Vosges vient de divorcer ....
On peut même jouer en temps réel avec des joueurs du monde entier et partager nos victoires et nos défaites avec tout le réseau mondial.
La plupart des gens trouvent que c’est génial, fantastique, que c’est impossible de se passer d’internet de nos jours mais, beaucoup d’entre nous tiennent encore à leur vie privée, à leur anonymat.
Pourquoi me direz-vous ? Pour de multiples raisons. La première, je pense, c’est la peur des autres, la peur de s’exposer à des représailles si on se laisse aller à dire tout ce que l’on pense sur les réseaux sociaux ouverts à tout le monde.
Les inconditionnels du WEB vous diront que c’est un fantastique espace d’échanges, où règne la liberté d’expression.
Mais sommes-nous vraiment libres de tout dire en restant en sécurité ? Pas si sûr.
Alors certains se cachent derrière des pseudonymes, se créent des identités (et parfois même des vies) totalement fictives en oubliant qu’il est toujours possible (quand on est un tant soit peu doué en informatique), d’identifier celui ou celle qui « se cache » derrière en pseudo grâce à l’adresse I.P. fixe de notre ordinateur (numéro d’identification propre à chaque machine).Certains en ont fait l’amère expérience quand ils se sont vus condamnés à des amendes, voire à des peines de prison quand quelqu’un a porté plainte contre eux pour des propos qu’ils ont tenus sur internet.
On peut aussi citer l’exemple de pays comme la Chine ou la Corée du Nord qui restreignent ou même interdisent l’accès à internet aux populations.Des dissidents au régime en place dans ces pays ont été condamnés à de lourdes peines de prison.
En conclusion on peut dire que, oui le WEB est un fantastique outil de communication, une base de données inépuisable, un moyen de nous simplifier la vie par bien des côtés mais absolument pas un espace où règne une totale liberté d’expression.
Par exemple ..."c'est vraiment nul ce que tu fais", "mais c'est quoi son talent!". Voilà le type de commentaire que l'on retrouve sous les vidéos youtube. Instagram, facebook, twitter, notre quotidien est gorgé de ce genres de commentaires haineux inutiles et bien d'autres choses encore...
De nos jours, les reseaux sociaux sont devenus le passe temps phare des jeunes. C'est aussi un lieu virtuel où beaucoup en profitent pour s'exprimer. Mais pas toujours de manière positive. En effet, nous avons tous été témoins, un jour ou l'autre d'un commentaire de ce type sur youtube mais notamment facebook. Nous pouvons nous demander pourquoi ces personnes sont elles aussi vexantes. La plupart de leurs propos sont non constructifs, blessants, et d'aucune objectivité. Toute cette mauvaise foi est-elle dûe à un manque d'estime de soi ? ou plus communément à de la jalousie ?
Par ailleurs, d'autres usagers des réseaux sociaux souhaitent tout de même rester anonymes même si leur avis est objectif. Auraient-ils peur d'éventuelles représailles ? Pourquoi, alors qu'elles ne tiennent pas un discours critique, ces personnes préfèrent avoir un pseudo ?
De telles questions nous appellent à se demander si nous sommes vraiment libres de parler et se sentir en sécurité.
Pouvons-nous alors toujours parler de liberté d'expression ?
